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Nouvelle Exposition en ligne

en 2023

Garde-Robes de Plantes

sous le commissariat de Shukuko Voss-Tabe

Une caricature d’Hokusai (1760–1849), grand maître d’estampes japonaises, représente un homme marchant sous la pluie, vêtu d’un manteau composé de nombreuses feuilles de fuki, ou pétasites japonicus. Il n’a pas eu, semble-t-il, les moyens nécessaires pour se procurer un manteau de pluie et du coup s’en est confectionné un lui-même. Un habit ingénieux, poétique, qui témoigne d’un humour insolite.

Le royaume végétal – la partie dite « inanimée » du monde vivant – a sa propre histoire, une histoire beaucoup plus ancienne que celle des êtres humains. Aujourd’hui, elle revendique plus que jamais son existence et joue un rôle conscient dans notre vie quotidienne. Les réalisations présentées dans l’exposition « Garde-Robes de Plantes » montrent l’attachement de trois artistes à la nature, et plus particulièrement aux plantes. Les plantes sont impliquées tout au long de l’élaboration de leurs créations.

Pour Marie-Noëlle Fontan, Phet Cheng Suor et Emma Bruschi, les plantes sont sources de vitalité et de beauté et méritent, à ce titre, de se montrer dans l’art sous leurs formes naturelles. Ces artistes s’inscrivent dans la lignée d’autres artistes œuvrant dans les domaines de la sculpture ou du land art, tels Giuseppe Penone ou Andy Goldworthy.

Les trois artistes que nous présentons ici ne se contentent pas de se servir de matières premières d’origine naturelle mais traitées par l’industrie, telles les fibres de lin, de coton, de chanvre, de bananier ou d’ananas. Elles privilégient des composants végétaux à l’état brut, qu’elles vont chercher directement dans la nature – au cœur des forêts, dans les buissons, au bord des rivières et dans les champs où les agriculteurs les cultivent.

Les textiles de Marie-Noëlle Fontan sont tissés avec des feuilles de lys et d’opuntia, des gaines de bambou, des écorces d’orange ou des aiguilles de pin. Phet Cheng Suor se sert d’écorces de mûrier, de niaouli ou de palmier de Chine pour fabriquer des « kimonos végétaux ». Emma Bruschi crée des vêtements et des accessoires à partir de paille. Toutes se passent du recours aux procédés industriels dans la fabrication de leurs textiles.

Les plantes, dans les créations de ces trois artistes, gardent à la fois leurs apparences initiales et leur vivacité, tout en se transformant de façon extraordinaire pour devenir des œuvres d’art – un art textile et vestimentaire à la fois archaïque et pleinement contemporain. On peut très bien imaginer le ravissement que les femmes préhistoriques auraient ressenti à se parer de ces belles étoffes constituées des plantes cueillies dans leur environnement, semblable au nôtre face à ces créations subtiles et étonnantes.

Je vous invite à explorer les pages suivantes de cette exposition ; à vous promener dans ce jardin d’objets fabriqués par l’esprit et la main humaine, dans ce musée d’œuvres prélevées par les artistes, d’un habile coup de main, du sein même de la nature.

Association Amitiés Tissées
Shukuko Voss-Tabe

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